La thérapie psycho-corporelle

Article de Mme Catherine Maillard sur Psychologie.com

La thérapie psycho-corporelle travaille sur le corps pour apaiser les maux de l’esprit et libérer nos émotions les plus enfouies. Elle s’appuie sur un principe cher à William Reich, selon lequel nos souvenirs douloureux sont refoulés dans l’inconscient et enregistrés dans le corps, formant une véritable cuirasse. Alternant verbalisation du ressenti et travail corporel (relaxation, libération des émotions, massages thérapeutiques), les différentes méthodes renouent avec l’importance du contact physique et décryptent les messages de la somatisation.

Historique

L’approche verbale de la psychanalyse met le corps entre parenthèses, même si certains des disciples de Freud, très controversés à leur époque, en avaient perçu l’importance : Reich, Groddeck, Otto Rank… Il faudra attendre les années soixante, les prémices de la grande vague hippie et de la libération sexuelle pour qu’aux Etats-Unis, des petits groupes de psychothérapeutes décident de se démarquer, d’une part de la psychanalyse freudienne, d’autre part de la psychologie béhavioriste, trop portée sur l’étude du comportement. C’est sur la côte Ouest, notamment à Essalen, que les pionniers jettent les bases des nouvelles thérapies psychocorporelles. Ils sont un certain nombre à renouer avec les fondements biologiques de la vie et le plaisir d’exister dans son corps. Alexander Lowen développe ainsi la bioénergie, Fritz Perls la Gestalt, tandis qu’Arthur Janov invente la thérapie du cri primal et Ida Rolf, le rolfing, un massage psychologique.

Le principe

Contrairement aux méthodes basées sur l’échange verbal, les thérapies psychocorporelles considèrent le corps et son langage comme une porte d’entrée vers le mieux-être. Toutes s’appuient sur la théorie de William Reich, selon laquelle une émotion refoulée s’accompagne toujours d’une rigidification des muscles, qu’il nomme “la cuirasse musculaire somatique”. Ce corps qu’on a pris l’habitude de malmener, de maîtriser, afin de se fabriquer une image derrière laquelle on se cache, ce corps garderait donc la trace de nos blessures émotionnelles. De nombreuses thérapies vont intégrer cette notion dans leur pratique et soulager les tensions corporelles pour agir sur le psychisme. Certaines privilégient la parole, d’autres favorisent la prise de conscience par le mouvement, la relaxation, ou encore par le massage.

Le déroulement d’une séance

Les séances vont différer d’un courant à l’autre de la thérapie psychocorporelle. En voici les principales tendances :

Verbalisation : ces thérapies ( sophro-analyse, Gestalt, bioénergie…) alternent verbalisation du ressenti et travail sur le corps, en utilisant des techniques aussi diverses que la relaxation, les jeux de rôles ou encore la libération des émotions. Elles ont pour ambition de mettre à jour des vécus qui n’émergeraient probablement pas en analyse. Et de modifier également le rapport au corps.

Les gymnastiques globales : le corps en dit long sur le rapport que nous entretenons avec nous-même et le regard des autres. Les praticiens en gymnastiques globales (eutonie, danse-thérapie, méthode Feldenkrais…) mettent l’accent sur nos sensations et proposent un travail “en conscience”, sur les postures, les gestes, les attitudes. Leur objectif est de libérer les tensions physiques afin de résoudre dans un même temps, les blocages psychiques.

La relaxation : qu’il s’agisse du training autogène de Shultz ou de la relaxation progressive de Jacobson, chacune de ces techniques permet d’accéder rapidement à une détente physique et mentale par un processus de décontraction musculaire et vasculaire. Le mécanisme consiste à focaliser son attention sur une image mentale (un lieu de calme) et des sensations corporelles (chaud, tendu), et de mettre à distance l’émotion perturbatrice.

Les massages psychologiques : Il a fallu attendre le “rolfing”, le premier massage “psychologique” dans les années 50, pour que l’on reconnaisse les effets thérapeutiques du toucher. La technique repose sur un travail en profondeur des fascias, ces fines membranes qui enveloppent muscles et organes, et permet d’explorer les relations entre les symptômes et le psychisme, afin de libérer certains blocages émotionnels Depuis, le massage, sous ses multiples formes, (sensitive gestalt massage, Matthias Alexander, Camili) a fait son entrée dans l’univers des thérapies.

Indication et contre-indications

Les thérapies psychocorporelles reposant également sur la verbalisation, conviennent aux personnes sujettes à la dépression ou qui cherchent tout simplement à rétablir leur équilibre émotionnel. Les techniques de relaxation sont plutôt recommandées à celles sensibles au stress, qui recherchent une sensation de bien-être immédiat. Ces techniques sont également efficaces en cas de phobies. Toutes les thérapies sur le mouvement sont performantes en cas de somatisation. Quand le corps nous échappe, avec mal au dos, migraines et aussi manque de désir sexuel. Les techniques de massage ont pour effet premier, une prise de conscience de l’unité corporelle, et sont toutes indiquées pour mieux “habiter” son corps.

Prix et durée

Une séance de thérapie psychocorporelle dure environ cinquante minutes. La plupart des méthodes sont toutes considérées comme des thérapies brèves : il faut compter entre 5 et 20 séances pour qu’elles soient efficaces. Une séance coûte entre 50 et 100 € selon la méthode employée. Mais au vu de la variété des méthodes regroupées sous le terme de psychothérapie corporelle, et donc de l’éventail des tarifs, il est préférable de se reporter aux fiches techniques concernant chacune.

le 20 juin 2018 ; Catherine Maillard, Psychologie.com

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